Printemps 1852, l'archéologue Charles Ernest Beulé entreprend des fouilles en avant des Propylées de l'Acropole d'Athènes, dans le but de retrouver l'entrée monumentale de la "citadelle". Ses efforts seront couronnés de succès le 4 mai 1853, au crépuscule de la nuit.
Dans un langage éloquent, Beulé relate les étapes de cette découverte (Beulé, Fouilles et découvertes, Journal de mes fouilles, 1ère partie, Paris, 1875).
24 avril 1853
[...] Je traverse les Propylées, non sans jeter un regard sur la mer argentée, où les pêcheurs commencent à tendre au vent leur voile plus jaune que le safran. Déjà la neige qui couronne les cimes du Péloponnèse prend ces reflets roses que leur donne le premier rayon, et où les poètes reconnaissaient les doigts de l'Aurore [...].
Quelques heures après avoir découvert le dispositif monumental d'accès au plateau de l'Acropole, il écrit :
4 mai 1853, 7 heures du soir
[...] Je reste seul, assailli de pensées très diverses qui toutes me bercent, m'échappent, me sourient et m'échappent encore. J'interroge en vain ma mémoire. Je me souviens seulement que j'étais heureux, que le soleil se couchait dans la pourpre derrière les montagnes de Salamine, que les chouettes chères à Minerve sortaient de leurs cachettes en poussant des cris qui me paraissaient délicieux, qu'un invalide m'annonçait que sa consigne était de fermer la porte à la tombée de la nuit et qu'en rentrant chez moi à pas lents je sentais la vérité profonde de ce mot de Platon : "L'âme a des ailes."
[...] Je reste seul, assailli de pensées très diverses qui toutes me bercent, m'échappent, me sourient et m'échappent encore. J'interroge en vain ma mémoire. Je me souviens seulement que j'étais heureux, que le soleil se couchait dans la pourpre derrière les montagnes de Salamine, que les chouettes chères à Minerve sortaient de leurs cachettes en poussant des cris qui me paraissaient délicieux, qu'un invalide m'annonçait que sa consigne était de fermer la porte à la tombée de la nuit et qu'en rentrant chez moi à pas lents je sentais la vérité profonde de ce mot de Platon : "L'âme a des ailes."
Beulé
Les propylées aujourd'hui (photo Agalmata.lc)