8.8.17

L'œuvre d'Anita Gauran : l'heureuse obsession de l'altération

Anita Gauran, Sans-titre-88x71cm-photographie argentique sur papier barythé collé sur dibond
-production Musée de l’Éphebe d’Agde


Anita Gauran, Sans-titre-140x45cm-photographie argentique sur papier barythé collé sur dibond
-production Musée de l’Éphebe d’Agde


" C’est dans les trous, les manques qui ont été comblés lors de la restauration par de la résine pour solidifier l’enveloppe de l’Éphèbe, que sont placées des cartes géographiques en transparence. Elles retracent la conquête d’Alexandre le Grand, de Macédoine en Asie mineure, d’Egypte en Perse, jusqu’en Inde. Ces vides sont les marques du temps passé dans la mer. Les cartes géographiques inscrites comme des tatouages sur le corps d’Alexandre le Grand rappellent sa vie marquée par son incroyable périple, qui me fait penser à Ulysse, mais sans retour. 
La statue d’Alexandre était extrêmement fragile lors de sa sortie des eaux. Faite de bronze, la sculpture est creuse. La feuille de métal, fine de quelques millimètres, comporte certaine parties trouées. La restauration est légèrement visible, par la couleur et la texture du métal, mais aussi par ces vides réparés." 
"J’ai installé, au moment de la prise de vue, un drap noir derrière les sculptures. Les taches lumineuses qui se détachent du fond sont les reflets des éclairages sur la vitrine. Cet élément muséal qui met une distance entre le visiteur et l’objet regardé est discrètement présent sur plusieurs photographies. Les sculptures semblent alors appartenir à un univers à part, qui peut rappeler les mises en scène photographique d’André Malraux, visant à dramatiser les objets de son musée imaginaire. La surface plane de la photographie renvoie une illusion de profondeur. Dans cette image, j’ai créé un fond factice en utilisant du scotch collé sur le papier puis retiré après l’insolation du négatif." (Anita Gauran)

SCRAPSHOW - Anita GAURAN (Exposition Rennes, automne 2017)

#ANTIQUES_TATOUÉES
Le travail d'Anita Gauran évoque les mises en scène d'Émile Espérandieu pour ses clichés photographiques des collections lapidaires de la Gaule, qu'il réalisa au début du XXe siècle. 

Mais la jeune artiste va plus loin en scarifiant la matière antique : les surfaces usées, corrodées, épaufrées, érodées des bronzes et des marbres sont marquées, sous l'action de la lumière, d'éphémères ornements incisés (technique du photogramme). 
LC

Anita Gaura (site de l'artiste)