15.12.09

Les couleurs de l'Antique


Figé dans sa gangue volcanique (après l'éruption du Vésuve en 79 ap. J.-C.), le site d'Herculanum a livré, en 2006, une tête exceptionnelle : des effets polychromes nuancés sont conservés sur les yeux et la chevelure de cette tête de marbre fragmentaire du Ier s. ap. J.-C.




Aujourd'hui exposée au musée de Naples, cette tête inédite appartenait à une réplique d'une Amazone du même type que celle qui a été retrouvée dans la Villa des Papyri à Herculanum, ou encore celle conservée à la glyptothèque de Munich : il s'agit d'une copie d'une des Amazones blessées d'Ephèse dont l'original en bronze remonte au troisième quart du Ve s. av. J.-C.








Crédits photographiques : WMG, University of Warwick et musée de Naples 
sources


14.12.09

"L'âme a des ailes"


Printemps 1852, l'archéologue Charles Ernest Beulé entreprend des fouilles en avant des Propylées de l'Acropole d'Athènes, dans le but de retrouver l'entrée monumentale de la "citadelle". Ses efforts seront couronnés de succès le 4 mai 1853, au crépuscule de la nuit.

Dans un langage éloquent, Beulé relate les étapes de cette découverte (Beulé, Fouilles et découvertes, Journal de mes fouilles, 1ère partie, Paris, 1875).


Les Propylées en 1853

24 avril 1853

[...] Je traverse les Propylées, non sans jeter un regard sur la mer argentée, où les pêcheurs commencent à tendre au vent leur voile plus jaune que le safran. Déjà la neige qui couronne les cimes du Péloponnèse prend ces reflets roses que leur donne le premier rayon, et où les poètes reconnaissaient les doigts de l'Aurore [...].


Quelques heures après avoir découvert le dispositif monumental d'accès au plateau de l'Acropole, il écrit :

4 mai 1853, 7 heures du soir

[...] Je reste seul, assailli de pensées très diverses qui toutes me bercent, m'échappent, me sourient et m'échappent encore. J'interroge en vain ma mémoire. Je me souviens seulement que j'étais heureux, que le soleil se couchait dans la pourpre derrière les montagnes de Salamine, que les chouettes chères à Minerve sortaient de leurs cachettes en poussant des cris qui me paraissaient délicieux, qu'un invalide m'annonçait que sa consigne était de fermer la porte à la tombée de la nuit et qu'en rentrant chez moi à pas lents je sentais la vérité profonde de ce mot de Platon : "L'âme a des ailes."
Beulé

Les propylées aujourd'hui (photo Agalmata.lc)

8.12.09

Collectes archéologiques


Compositions poétiques,
produits d'une archéologie intime de rêveurs
.


Epingles à cheveux antiques. Collection privée



Collection d'objets préhistoriques de Léopold Chiron
source



Matériel funéraire provenant des fouilles d'une tombe préhistorique (Israël).
Photographie Nigel Gorin-Moires

7.12.09

Eloge du fragment et de la belle restauration


Le Satyre de Mazara del Vallo une fois restauré (cf. avant son exposition : billet du 06 décembre 2009
, photos 1 et 3).



Cette statue de bronze, de 2 m de hauteur conservée (hauteur originelle estimée : 2,40 m), a été découverte en mer, entre la Sicile et la Tunisie. Elle offre un témoignage précieux de la production statuaire hellénistique de bronze (IVe ou IIe - Ier s. av. J.-C.), dont l'essentiel a entièrement disparu.
C'est ainsi que le 29 mars 1997, la jambe gauche d'une statue en bronze a été découverte au cours d'une pêche ; puis, le 4 mars 1998, une statue de bronze conservée de la tête aux cuisses, mais dépourvue de bras, fut remontée des eaux. Les deux fragments appartenaient bien à une seule et même statue.
La restauration de l'oeuvre, confiée à Paola Donati (Instituto Centrale per il Restauro), s'est déroulée sur plusieurs années (de 1997 à 2003). Les fragments qui composent la statue de 108 kg ont été analysés, restaurés et assemblés en vue de leur exposition à Rome, puis à Mazara. En 2007, le Satyre de Mazara del Vallo avait la place d'honneur dans l'exposition Praxitèle présentée au musée du Louvre.

Copyrights Minestero per i Beni e le Attività Culturali - Instituto Centrale per il Restauro (Rome) / photo Paolo Piccioni

Bibliographie : Cat. expo. Praxitèle, musée du Louvre 23 mars - 18 juin 2007, Paris, 2007, p. 284-292.

6.12.09

Les neuf temples de Gondi Gedong Songo (Java, Indonésie)


Site archéologique, situé à 1200 m d'alt. au centre de l"île de Java. Ces temples hindouistes ont été construits au VIIIe et IXe siècles
.


L'Antique voilée, blessée ou réparée ... avant qu'on ne la révèle

Le satyre de Mazra







Copyrights Agalmata : photos 2 - lion archaïque de Délos (Grèce) lors de réfection de la salle des lions au musée de Délos et photo 4 (Imprégnation d'un plan de fracture : restauration et dérestauration réalisées par P. Jallet sous la direction de L. Chevalier (Agalmata).

Copyrights Minestero per i Beni e le Attività Culturali - Instituto Centrale per il Restauro (Rome) : clichés 1 et 3 : restauration du Satyre de Mazara del Vallo.

Jean-Léon Gérôme, peintre de " l'antiquaille"


Les sujets antiquisants sont récurrents dans l'oeuvre du peintre orientaliste du XIXe siècle Jean-Léon Gérôme.

Son cher beau-père disait de lui :

"Monsieur Gérôme travaille pour tous les goûts. Il y a en lui une pointe de gaillardise qui réveille un peu ses toiles ternes et mornes. En outre pour dissimuler le vide complet de son imagination, il s'est jeté dans l'antiquaille."




D'autres peintres contemporains de Gérôme s'inscrivent dans la même veine orientalisante, rétrospective ou pas ...


1.12.09

Le geste du restaurateur (GESTE III)


La poésie du geste d'un technicien de la matière.
Ce cliché a été fait lors du nettoyage des saillies du drapé d'un buste romain du IIe siècle. Les doigts se mêlent aux plis du marbre... Le geste, immortalisé par le cliché, est comme pétrifié.



 

Copyright AGALMATA / R. Chipault

" [...] Il y avait des pierres qui dormaient ..."


" Il y avait là le Louvre, avec toutes ces claires choses de l'antiquité qui faisaient penser à des ciels du Sud et à la proximité de la mer, de lourds objets de pierre qui, venus de cultures immémoriales, dureraient encore en de lointains temps à venir. Il y avait des pierres qui dormaient, et l'on sentait qu'elles s'éveilleraient à quelque jugement dernier, des pierres qui n'avaient rien de mortel, et d'autres qui portaient un mouvement, un geste, demeurés frais comme si l'on ne devait les conserver ici que pour les donner un jour à un enfant quelconque qui passerait. Et cette vie n'était pas seulement dans les oeuvres célèbres et visibles de loin; les petites choses négligées, anonymes, superflues, n'étaient pas moins pleines de cette profonde et intime animation, de la riche et surprenante inquiétude de ce qui vit."


Rainer Maria RILKE, Prose - Auguste Rodin, éd. du Seuil ( trad. franç.,1966) .